Pages

dimanche 26 juin 2011

Kantipur Express

Kantipur est l'ancien nom donné à Kathmandu, ce qui équivaut à la sauce française, à Lutèce pour Paris.

"Kantipur Express", un court métrage expérimental, relate modestement, à travers quelques scénettes, une partie du quotidien de la capitale népalaise et l'ambiance qui en découle.

Pour regarder la vidéo, cliquez là : Kantipur Express

Namaskaar

jeudi 23 juin 2011

Pour le plaisir des yeux!

Ceci s'adresse uniquement à ceux ayant lu le post "Kathmandu-Helambu-Langtang-Kathmandu" (cf. ci-dessous) !!

J'ai changé le format vidéo et créé un lien vers YouTube, j'espère que c'est un peu moins moche maintenant (désormais, vous pouvez régler la qualité directement sous YouTube -en bas à droite de la vidéo pour ceux qui n'aiment pas l'informatique-).
Bien à vous M'sieur-Dame!

Cliquez là : DIAPORAMA MUSICAL

Namaskaar

Kathmandu-Helambu-Langtang-Kathmandu

Namaste,

Après avoir passé un gros mois et demi à Kathmandu (et dans sa vallée) à travailler pour KEEP-NEPAL, une approche complémentaire de terrain paraissait indispensable pour mieux cerner les demandes locales, en milieu scolaire en particulier. L'ONG menant -entre autres- des projets dans l'Helambu et le Langtang, c'est logiquement que je m'y suis rendu. Mais bien entendu cela allait de paire avec l'envie de déambuler dans les hauteurs himalayennes et de me plonger un peu plus dans l'arrière-pays népalais.


Ecole de Jyamire, Sindhulpalchok, Helambu, Nepal

Petit rappel : Étant généralement présenté comme un pays seulement montagneux et froid, le Népal est en fait un pays globalement chaud et sec (hors période de mousson évidemment). Pour preuve, la vallée de Kathmandu, située à 1300 mètres d’altitude, se trouve sur la même latitude que Casablanca, Delhi ou encore Le Caire. Ainsi, par exemple, des bananiers y sont cultivés mais aussi différentes sortes d’agrumes.
De la plaine du Teraï, au sud du pays, jusqu’au sommet de l’Everest, ce qui équivaut à une distance d'environ 250 km, l’altitude varie de moins de 100m au dessus du niveau de la mer à 8850 mètres (rien que ça!). Ainsi, le pays présente une diversité écologique extraordinaire, liée à son profil topographique atypique, des forêts subtropicales aux glaciers.
Bref, rares sont les parties de la planète présentant une telle pluralité d'écosystèmes (hormis quelques pays andins, une partie de la Tanzanie et sûrement quelques autres exceptions).

Kathmandu, Helambu, Langtang : une multiplicité paysagère fascinante

A la fois proches et éloignées de Kathmandu, l'Helambu et le Langtang, 2 entités géographiques tangentes mais bien distinctes, offrent la possibilité de pouvoir couper rapidement les ponts avec le monde urbain et étouffant de la capitale népalaise.

La variété écologique évoquée précédemment est particulièrement visible lorsque l'on rejoint le Langtang depuis la région de l'Helambu. Sur ce territoire, et en moins de 60km, se succèdent (pour ne citer qu'eux), des lianes, des bananiers, des manguiers, des fougères, des chênes, des rhododendrons, des bouleaux, des pins, des sapins, quelques rares épineux et autres plantes rabougries à très haute altitude. Ces dernières sont agrippées au sol grâce à leurs coussinets témoignant de l'adaptation naturelle de la flore à la rigueur du climat. Un climat caractérisé par le froid et des vents parfois violents balayant les cimes des monts himalayens.


Environs de Jyamire

Il est vrai que ces deux régions ne présentent pas le même aspect majestueux des environs des Annapurnas ou de ceux de l'Everest. Il n'y a pas de "8000" dans cette partie du Népal. On ne se "contente que" d'un "7000", le Langtang Lirung (7234m). En revanche, on appréciera plutôt la grande diversité des paysages rencontrée sur ce territoire, une diversité attirant quelques de 10 000 touristes chaque année. Ici, à chaque altitude correspond une ethnie différente (Gurung, Tamang, Sherpa; essentiellement), sans évoquer le système de castes qui, malgré son abolition officielle, continue à rythmer la vie locale et les rapports sociaux dans les villages.

Situé à quelques encablures de la capitale, le territoire de l'Helambu correspond géographiquement au bassin de la Melamchi Khola, une rivière dont la source se situe à plus de 5000m au cœur du Langtang National Park. La formation végétale dominante de l'Helambu oscille selon l'altitude entre forêt sèche et forêt mésophile (mélange d'arbres sempervirents, c'est-à-dire toujours verts; et d'arbres à feuilles caduques). Cette végétation se développe sur des sols ferralitiques rouges (dédicace à Popayan) en dessous de 1200m, faisant penser aux paysages subsahariens par endroits, et sur des sols ferrugineux beiges au delà, le tout dans une ambiance subtropicale (merci aux cours de M. Hoarau). A propos, le mois de juin au Népal est LE mois le plus chaud précédent la mousson (celle-ci s'étalant sur les mois de juillet et d'août). Le temps est très changeant, les pluies sont fréquentes et il y a de violents orages. Le paysage en est donc largement modifié et les tons de couleurs ne sont quasiment que des déclinaisons de vert. A cause de l'humidité et de la présence de nombreuses flaques d'eau, les sangsues pullulent sur les sentiers et attendent patiemment qu'une jambe ou une patte passe par là pour s'y précipiter.


Environs de Baruwa, Helambu

Le col de Thadepati (3610m) et le Yangri Peak (3770m) sont les limites Nord-ouest de l'Helambu. Au delà de ces deux sommets (qui ne sont que de simples "collines" pour les Népalais) et jusqu'à la frontière Tibétaine, s'étend le Langtang. Vaste étendue constituée de hautes-montagnes protégées depuis 1976 par l'instauration du Langtang National Park (qui comprend une petite portion de l'Helambu).

Avec ses 1700km², il s'agit de la deuxième zone protégée de l'Himalaya. La transition entre les deux régions se fait par le col de Lauribina (4610m) qui débouche sur les lacs sacrés de Gosaikund encerclés par le Surya Peak (5145m) au nord, dont le prolongement mène aux plus hauts sommets du Langtang, et le Chhyarkung Chuli, au sud (4552m). Les lacs portent tous des noms ou des appellations faisant références aux Dieux hindous (Gosaikund renvoyant à Shiva; Ganesh, Saraswati, Laxmi, Bhairab et bien d'autres). Véritables lieux sacrés, ces lacs sont même le but d'un pèlerinage ayant lieu entre la mi-juillet et la mi-août, période pendant laquelle des milliers d'hindous affluent pour honorer Shiva et faire une puja (petit autel dédié aux Dieux). Des ascètes viennent y faire de multiples rituels, leurs ablutions et ont régulièrement recours au shilom pour favoriser leur quête spirituelle.

A plus de 3000m en période de pré-mousson, les nuages sont quasi-continuellement accrochés aux pics empêchant de les distinguer convenablement, de plus les précipitations sont plus nombreuses que ce soit sous forme pluvieuse ou neigeuse au delà de 4500m généralement. Cependant, celles-ci n'interviennent le plus souvent qu'en fin d'après-midi, en soirée et la nuit. Le dicton "après la pluie, le beau temps" est alors particulièrement vrai puisqu'au lever du jour vers 5h30, le temps est clair et les vues sur les massifs, superbes. Les nuages sont encore dans les vallées, on les surplombe, les pics avoisinants sont dégagés, une vision reflétant un peu plus la petitesse de l'Homme face à la nature et son immensité. Une part de chance permet d'avoir comme une ouverture miraculeuse (merci Shiva!) entre les nuages donnant sur les chaînes de montagnes du Langtang, dernier rempart naturel avant le monde tibétain.


Sentier longeant Gosaikund, Langtang


Chute d'eau dans les environs de Ghopte, Langtang

Peu après Gosaikund vers 4000m, ces montagnes nous paraissent aussi belles qu'hostiles. On songe alors aux commerçants chargés de marchandises qui empruntaient la fameuse "route du sel" entre Kathmandu et le Tibet. Aujourd'hui ces pratiques n'existent quasiment plus mais de nouveaux "passeurs" népalais et tibétains achemineraient, illégalement dans bien des cas, quelques denrées (sucre, riz, cannabis, pashmina, huile, opium, etc) dans les contrées très enclavées du Tibet qui ne sont pas connectées au réseau routier. Les risques encourus sont grands : accidents en zone montagneuse inhospitalière, arrestation par les douaniers chinois (ça doit être sympa!), braquage lors du périple. Évidemment cet échange économique juteux pour les paysans népalais constitue là un réel complément à de maigres revenus liés à une activité agricole aux rendements globalement faibles. Selon les dires de certains locaux, il y aurait quelques réseaux plus ou moins mafieux accentuant ces échanges illicites, en particulier dans l'extrême Est du Népal et au nord du Sikkim indien où la culture du pavot, initialement restreinte et traditionnelle, a littéralement explosé depuis une quinzaine d'années (merci Metropolis-Arte!). Dans le sens inverse, d'autres individus faciliteraient le passage, vers le Népal, de Tibétains s'opposant au régime chinois et activement recherchés par les membres du Parti, comme une sorte d'échanges de bons procédés voire de solidarité. Il y a d'ailleurs une proximité certaine entre bouddhistes népalais et Tibétains, de par le culte bien entendu. Mais au delà de ces aspects religieux, quelques "petits riens" du quotidien illustrent ce propos en témoignent par exemple les quelques jeunes népalais arborant fièrement ici et là des t-shirts aux motifs composés du drapeau Tibétain et du célèbre slogan "Free Tibet".

De ce point de vue exceptionnel sur les montagnes du Langtang (donc), le sentier escarpé et à flan de montagne redescend ensuite progressivement jusqu'à Dhunche (environ de 150km au nord de Kathmandu) à travers des forêts de plus en plus denses et humides plus l'altitude diminue et dans lesquelles on peut apercevoir (si on a de la chance) des « red pandas ». Dhunche, est un gros bourg poussiéreux peu avenant avec ses étales couverts de mouches, ses quelques vieux tamangs, et autres sherpas, alcoolisés, édentés et fatigués par une vie passée dans les cultures en terrasses, et ses marmots crasseux à moitié à poil jouant avec tout ce qu'ils trouvent, de la cuillère en bois, au pneu de vélo en passant par les cailloux et les bâtons. Malgré cela, Dhunche offre toutes les commodités pour les touristes : téléphone, accès internet, modestes hôtels, bus en partance pour la capitale.

De Nagarkot (au sud de l'Helambu) jusqu'à Dhunche, il faut compter plus ou moins 10 jours de marche en passant par le col de Lauribina situé à 4610m. Un col aux pentes pas vraiment raides mais le dénivelé de 1000m et la longueur de l'ascension rendent la marche fatigante. Mis à part le risque modéré d’être sujet au mal d'altitude et quelques passages assez rock'n'roll par des sentiers longeant des ravins au fond desquels on devine une rivière plusieurs centaines de mètres plus bas, il n'y a pas de gros danger durant ce trek. Par contre, bien sûr, ça taquine les mollets et les cuisseaux bien comme il faut et "on mouille le maillot" comme disent les footeux!

En réalité, le plus terrifiant et le plus dangereux s'avère être le retour en bus de Dhunche jusqu'à Kathmandu (environ 8h pour un peu plus de 150 km!). Le premier tronçon de 2-3 heures à flan de montagne aux alentours de 2200m est destiné aux amateurs de sensations fortes.
Un bus "façon 4x4 népalais géant", à la carrosserie "faite maison", à la direction douteuse, aux pneus lisses comme la surface d'un vinyle, qui semble littéralement crier quand le chauffeur appuie sur la pédale de frein, n'a déjà en soit, rien de rassurant. Ajoutez alors des sièges bondés de népalais en tout genre dont de jeunes enfants, des vieillards. Quelques passagers sont assis sur des marchandises : des sacs de riz, de pommes de terre et de céréales, calés entre les sièges. Il ne faut pas oublier la dizaine de personnes installées sur le toit. Le bus est lourd, très lourd, trop lourd. On se demande comment le conducteur arrive à lui faire prendre les virages. Ce n'est pas fini, ajoutez une route qui n'a de route que le nom, il s'agit davantage d'une piste rocailleuse au sol meuble, parfois sableux qui menace de s’effondrer sous le poids de l’’imposant véhicule, le tout dans un paysage lunaire. Certaines chutes d'eau passent sur la route et le cercueil roulant passe dedans comme si de rien n'était. Bien sûr, le mieux, c'est d'avoir, comme moi, la meilleure place, c'est-à-dire celle côté vitre offrant un panorama sublime sur des gorges d'une profondeur paraissant interminable. De ce siège on ne voit pas la route, on ne voit que le vide et l'on espère que les pneus restent sur la chaussée après chaque bosse, ça se joue à quelques précieux centimètres. Pour la déconne, on a presque envie de lever les bras comme dans un grand huit... Ah, j'oubliais, ajoutez des rochers parfois sur la route permettant de constater la passion du chauffeur pour le "Nepali-mountain-bus-trial", celui-ci alternant tâtonnements du frein et de l'accélérateur au bord du ravin. Le tout faisant inexorablement tanguer ce vaisseau infernal de gauche à droite ce qui a pour effets de secouer les passagers comme de vulgaires pantins apeurés et d’améliorer la visibilité sur les pentes vertigineuses. Encore un petit plus témoignant de ces conditions idéales : des bancs de brouillard ainsi qu'une pluie fine et régulière depuis le matin qui ne s'arrêtera pas une seule fois en 8h de trajet. Elle rend la route boueuse et glissante et évidemment au moment où se profile une côte sur ce type de revêtement, le bus ne monte pas. Les passagers doivent descendre pour l'alléger afin que celui-ci garde l'espoir de la gravir. Il fait soudainement une marche arrière en descente au bout de laquelle il y a un sympathique virage. Si le driver fait ne serait-ce que la plus minime des erreurs, c’est le saut de l’ange assuré. On se dit alors « inch’allah » si ça arrive, il doit se trouver sûrement en contrebas un truc menant plus loin encore que les portes de la perception. Ceux qui le veulent, peuvent aider à pousser le bus pour qu'il rejoigne plus facilement le haut de cette montée. Après plusieurs essais infructueux (avec plus ou moins d'élan) ayant permis d’apprécier pleinement le bruit du moteur en surrégime, l'obstacle est franchi. C'est alors que l'on aperçoit au loin les marques d'un glissement de terrain important. La route est barrée par d'imposants blocs de roches. La solidarité faisant foi dans ces moments, les Népalais déplacent à plusieurs ces blocs pour les pousser hors de la route, les rochers finiront leur chute plusieurs centaines de mètres plus bas. Un voyage nerveusement très fatiguant pendant lequel on devient shivaïte l'espace de quelques heures.

Malheureusement pour les Népalais, ce type de "route" semble devenir la norme dans ces contrées difficilement accessibles. A l'heure actuelle, dans la région de l'Helambu, mais pas seulement, des bulldozers, creusent des routes directement dans la roche et arrachent des dizaines d'arbres, ce qui a comme conséquence de renforcer les risques de glissement de terrain et les phénomènes d'érosion. Les routes peuvent s'effondrer à tout moment car elles ne sont pas assez stabilisées et en période de mousson des villages entiers situés en contrebas sont menacés par les glissements de terrain et autres chutes de pierres.
Plus des routes de la sorte seront construites, plus les déplacements en bus seront périlleux et plus le risque de catastrophes naturelles sera conséquent.

Vouloir désenclaver des territoires isolés, pour entre-autres les connecter à l’activité touristique, peut paraître en soit comme une bonne chose. Il ne faut pas tomber dans l'excès inverse et maintenir les populations locales dans l'éloignement, la difficulté et le traditionnalisme pour renforcer l'image d'un territoire "hors des sentiers battus" prisé par une poignée de touristes bobos adeptes de l'authenticité des lieux. Cependant, les moyens alloués pour agrandir le réseau routier sont insuffisants. Ce sont des villageois représentés par quelques décisionnaires, membres de groupes locaux ("village committee") qui financent ces chantiers, avec l'aide partielle du gouvernement népalais. Certes, quelques villages seront reliés à des bourgades plus importantes et/ou à Kathmandu, mais à quel prix?
Les normes de sécurité n’existent pas ce qui ne fera qu'accroître les risques d'accidents de la route et d’éboulements. L'empreinte écologique terrible de ces travaux conduira nécessairement à une dégradation paysagère et environnementale du lieu et donc réduira potentiellement son attrait.


Bulldozer construisant une route, environs de Baruwa, Helambu

Quand on sait que le tourisme génère d'importants flux économiques renflouant les caisses du gouvernement népalais (principalement à travers les visas et les permis de trekking obligatoires pour pénétrer dans les parcs naturels), on se demande, malgré l'instauration de zones protégées et la prise de conscience de la plupart des grands acteurs du secteur, comment celui-ci peut-il se targuer de promouvoir un tourisme dit "durable" lorsque l'on voit régulièrement des déchets en tout genre le long des sentiers de trek (paquets de cigarettes, piles, bouteilles en plastique et même en verre, briquets, emballages...). Autre exemple, dans au moins presque toutes les écoles de l'Helambu et du Langtang (pourtant dans le parc naturel), il n'y a pas d'eau potable (ça ne veut pas dire pas du tout d'eau, ils ont de l'eau non-potable en quantité suffisante). Le personnel et les enfants doivent aller à la source à quelques kilomètres pour y remplir des bidons. Certaines écoles traitent l'eau avec des produits coûteux et la conservent dans des réservoirs de 500 litres le plus souvent. Ceci apparaît une fois de plus comme paradoxal quand on sait que les revenus du tourisme dans les parcs doivent permettre de favoriser les projets de développement local, entre autres, en milieu scolaire. Il faut aussi souligner le fait que certaines écoles ont été financées et construites par des villageois ce qui témoigne un peu plus d'une certaine déficience de l'action gouvernementale, pilotée principalement de Kathmandu, en vers ces zones reculées.

La construction de ces routes, le manque global d'éducation à l'environnement, le fatalisme, l'inexistence de poubelles et le déficit d'informations destinées aux touristes (sans compter ceux qui manquent cruellement de civisme) contribuent au déséquilibre écologique de ces régions aux écosystèmes pourtant très fragiles. Laisser naïvement une bouteille d'eau dans un refuge, c'est la laisser dans la nature. Un chiffre, le trek de l'Everest, c'est plus de 100 000 bouteilles d'eau par an abandonnées au cœur de l'Himalaya pour un peu plus de 30 000 touristes (sic)... merci.


Toit d'une guest-house, Melamchi, Helambu


Panneau de sensibilisation, Thadepati (3515m), Helambu


Thadepati, Helambu

Pour finir, me revoilà à Kathmandu qui en cette fin du mois de juin paraît presque vide. Les saisonniers qui viennent gagner leur pain lors de la saison de trekking sont retournés dans leurs villages respectifs y travailler la terre pour la plupart et le nombre de touristes a fortement diminué, exceptés les touristes indiens fuyant la canicule frappant leur pays. Concernant les Occidentaux, il ne reste que quelques volontaires, les stagiaires, les expat' permanents et 2-3 vieux hippies à l'esprit coincé dans les 60-70's! La moiteur de l'air et le ciel surchargé offrant des orages impressionnants annoncent une mousson conséquente selon les anciens. A voir ce qui se passe en Chine, ces prédictions n’ont, a priori, rien d'étonnant. Affaire à suivre, j'en saurai plus dans quelques jours…

Les vendeurs de fruits et légumes dressent des petits abris pour protéger leurs stands, les rickshaws wallas sortent des bâches en plastique et couvrent leur bolide, les motards aussi et la danse des parapluies multicolores a commencé dans les rues de la capitale.


Namaskaar

mardi 3 mai 2011

Malaai ramailo laagyo ! (env. "je m'y plais beaucoup")

Namaste à toutes et à tous,

Je remets à jour routes-infinies pour vous permettre de mieux percevoir l'ambiance népalaise du moment. En ce qui me concerne, je trouve que les années se suivent et commencent à se ressembler peu à peu, tout comme la manière de vous dire bonjour, et je ne m'en plains pas, au contraire !

Malgré tout, la politique locale, les rues et leur effervescence quotidienne, l'architecture et les formes urbaines, la nourriture (open curry!) et ce mélange des genres permanent entre modernisme et tradition font de Kathmandu une ville particulièrement changeante. Les publicités pour les i-phones, l’alcool, les cigarettes, les gels douches (avec des népalaises particulièrement « blanchies » et avenantes) mais aussi pour les grosses berlines, semblent se démultiplier aux abords des axes routiers et autres carrefours stratégiques. Le nombre de véhicules augmente constamment, les motos en tête, ce qui paralyse un peu plus chaque jour le trafic routier de la capitale népalaise dont le réseau semble nettement insuffisant. Il est difficile de construire de nouveaux axes car Kathmandu se trouve dans une vallée et non dans une plaine, le terrain, globalement accidenté aux bordures de la ville, n’est pas vraiment propice au développement des routes... Ces difficultés de circulation ont fait exploser les taux de particules dans l’air ainsi que les ventes de masques pour s’en protéger qui vont avec.




La sérénité de Bouddha face au bouillonnement urbain


"mon quartier"



Petit "garage" des rickshaws walla !

Malgré tout, quand on regarde de plus haut (lorsque l’on opère un changement d’échelle géographique -pour les connaisseurs- ;) ), tout ceci n’a rien de vraiment surprenant finalement, Kathmandu, comme ses consœurs des "pays en développement", voit s’accumuler les méfaits d’une volonté mal maîtrisée de rattraper le modèle occidental synonyme de standing, de réussite et de modernité. Problème, le pays n’est pas suffisant pourvu en infrastructures modernes (recyclage, énergies renouvelables, transports en commun différents du bus népalais moyen qui date de 1964 qui a fait 128 fois le tour du Népal avant d’être réparé en Inde avec des pièces chinoises par des Bangladais…). Les problèmes qui en découlent sont donc très nombreux, insuffisance électrique, déforestation, pollution car pas de circuit de recyclage digne de ce nom, réseau d’évacuation des eaux quasi-inexistant etc… Cette tentation du modernisme, entraîne d'indéniables externalités négatives d'un point de vue environnemental et avec l’individualisme, l’un de ses corollaires, il ne fait qu’accentuer les inégalités sociales bien assez visibles au Népal et plus largement dans tout le sous-continent indien.



Bien des Népalais disent que le Népal était comme ça et qu’il le restera. Leur parler d’aide internationale les fait rire jaune puisque depuis plus de 50 ans, des milliards sont arrivés au Népal par les circuits de l'aide internationale mais le peuple n’en a que très rarement vu la couleur… Des Népalais qui sont lassés par leurs politiciens nationaux avides de pouvoir (d'ailleurs le mois de mai s'annonce chargé en manifestations apparemment), n’ayant jamais vraiment apporté de réponse concrète aux maux de la société mais seulement de beaux discours bien léchés. Certains ici disent que dans 100 ans Kathmandu sera toujours pareil, ce fatalisme latent peut se comprendre au vu de la situation politique instable et par la difficulté qu’à ce pays à s’émanciper -et c’est normal- de l’influence de ses deux voisins qui ne sont autres que l’Inde et la Chine (rien que ça!) soit à peu près 2,5 milliards d’habitants : un véritable étau. Ces deux géants essayent perpétuellement d’avoir le Népal comme allié, entre maoïstes chinois et progressistes indiens corrompus adeptes du copinage avec Washington. Comme qui dirait, pour expliquer simplement ces complexes enjeux géopolitiques liés à l'eau -entre autres- (enjeux autour du partage des eaux provenant des glaciers himalayens) : «y’a un match dans le match».


Kathmandu-Durbar Marg : Prise de conscience locale initiée majoritairement par la jeunesse népalaise.


Face à tout ça, comme le disent les Népalais, le Népal restera 1er dans au moins un domaine : celui de la montagne évidemment, sur 14 sommets de plus de 8000 mètres sur Terre, 8 sont au Népal, on compte une centaine de « 7000 » et plus d’un millier de « 6000 », sans parler du reste qui ne constitue qu’un vulgaire ensemble de collines quasi-insignifiantes selon les Népalais…qui dit mieux ? (« mieux »). Cette présence géologique bénit par les cultes hindous et bouddhistes, permet au Népal de foncer à vive allure dans l’industrie touristique aux effets économiques intéressants mais qui ont, d’un autre côté, amplifiés les impacts négatifs sur l’environnement et sur les aspects culturels et sociaux.

Ayant constaté la majorité de ces problèmes par le passé, j’ai trouvé intéressant de m’impliquer dans une ONG locale « KEEP » (Kathmandu Environmental and Education Project) qui prône un tourisme dit « durable » (dont je m’empresse d’estimer leur niveau de durabilité !!) dans le cadre de mon stage de Master 2. Une ONG qui a tout de même déjà coopéré avec le WWF, ce qui n'est pas gage d'une parfaite durabilité mais qui a au moins le mérite de renforcer la légitimité de ses actions et sa notoriété (voir ici).
Je travaille (7h/ jour) avec un membre permanent de l’ONG, Arjun, sur des maquettes de cours destinés aux porteurs. Il s’agit d’hommes, globalement peu estimés et non-habitués à la haute montagne pour la plupart. Beaucoup d’entre eux viennent du sud du pays et cherchent à avoir un revenu complémentaire à leur travail travail agricole afin d’améliorer le quotidien de leur famille. Lors de la saison de trekking, ils portent des dizaines de kilos de matériels, de vivres ou simplement des sacs de touristes sur leur dos, leurs conditions de travail sont particulièrement difficiles car ils sont, dans bien des cas, sous-équipés et mal informés. Ce n’est pas un hasard si des dizaines de porteurs disparaissent dans les contrées himalayennes chaque année... Il n'y pas de réelles mesures les concernant alors qu'ils participent grandement à la croissance économique du pays : sans eux comment feraient les touristes pour manger du riz le long des sentiers de trekking?

Une fois ces maquettes terminées, les cours seront dispensés par des spécialistes à une centaine de porteurs d’ici la fin du mois (30 et 31 mai) pour les sensibiliser aux risques encourus en montagne, à la fragilité environnementale de ces régions, les renseigner sur leurs droits mais aussi pour leur permettre de reconnaître le mal des montagnes et d'autres maladies tout comme leur apporter une connaissance basique des premiers secours.
Par la suite, je devrais faire de l’évaluation de projets d’écovolontariat et je vais donner des cours de français à des spécialistes du tourisme au Népal ainsi qu'à des guides de trek pour leur apporter du vocabulaire général dans un premier temps et spécifique à la préservation environnementale par la suite. Enfin, je vais essayer de trouver des partenaires français pour financer ces projets et tenter d’améliorer la communication globale de l’ONG.


mon "bureau"...



Pour conclure, Erhard Loretan est décédé le 29 avril dernier, pour info, il était le 3ème alpiniste à avoir vaincu les 14 "8000m" de la planète...

Entre tout ça, je fais de nombreuses rencontres, je découvre des endroits improbables dans Kathmandu et mon esprit s’évade vers le Gosaikund lake, le Kanchenjunga, le lac Rara et le camp de base de l’Everest.

Namaskaar

mercredi 5 mai 2010

Chitwan, Pokhara et trek du Sanctuaire des Annapurnas plus infos .

Namaskar à toutes et à tous,

Une fois de plus, je suis un peu à la traîne pour mettre à jour ce blog, cette fois ci en plus de la répartition inégale de l'électricité, je me suis rendu au Chitwan (un parc naturel au Sud-Ouest de Kathmandu) et dans l'aire de Conservation des Annapurnas pour y faire un somptueux trek, sûrement pas le plus dur du Népal, mais celui qui permet d'être entouré de monstres montagneux à 360°...
Je ferai aussi un bref point sur l'actualité du pays qui est marquée par une grève générale conduite par les maoïstes et qui paralyse le Népal.


Parfois, les évènements passent bien au dessus du tourisme, ainsi même si les images de grands espaces naturels du Népal sont magnifiques et évoquent le rêve lié au voyage, il est moralement impossible de négliger ce qui se déroule en ce moment dans ce petit pays et en particulier à Kathmandu. J'ai eu la chance de pouvoir me rendre dans des contrées avant que les évènements politiques et les manifestants maoïstes bloquent -entre autres- les principaux services et les infrastructures routières. Situation dramatique dans un pays à la multiplicité paysagère insoupçonnée et à la biodiversité considérable, en effet, malgré plusieurs limites, le tourisme est vecteur de nombreuses devises (même si trop souvent inégalement réparties au sein de la population) et il est gravement préjudiciable pour le Népal de trop nuire à celui-ci à long terme.
Les panoramas exceptionnels n'empêchent pas d'être réaliste et de constater le lots de problèmes politiques -non démocratiques et entachés de corruption- d'un des pays les plus pauvres du globe. La vie locale ne s'efface pas derrière les pittoresques sites népalais qu'il s'agisse de parcs naturels ou des sites patrimoniaux rares. La pauvreté liée souvent aux prises de décisions politiques proposées par des leaders assoiffés de pouvoir, reste constamment visible.

Narrer mes dernières semaines me semble presque déplacé au vu de ce qui se passe ici-bas, ceci étant, c'est un bon moyen de penser à autre chose et de continuer de présenter le pays sous ses meilleures facettes.


CHITWAN NATIONAL PARK:

Le Royal Chitwan National Park est historiquement le 1er parc naturel crée au Népal, c'était en 1973...
D’une superficie de plus de 930 km², le parc naturel de Chitwan est souvent considéré comme un des principaux attraits touristiques du pays avec le trekking et les visites des sites patrimoniaux de la vallée de Kathmandu. A ce titre, il a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984. Compris dans la partie géographique du « Teraï » (grandes bandes de terres longeant la frontière indienne de tout son long), ce territoire illustre une fois de plus la richesse naturelle du Népal. On est très loin de l’image himalayenne du Népal puisqu’il y fait très chaud, plus de 40 degrés en période estivale (30/35 quand j’y étais en début avril).
Avec une altitude moyenne située entre 150m et 850m, le paysage de Chitwan se compose d’un mélange appréciable de prairies, de marécages (et donc de moustiques…) et de forêts comprenant de nombreuses espèces d’arbres et principalement des sals. Autrefois, il s’agissait d’une zone de forêts subtropicales quasiment impénétrable comprenant une multitude de marais où sévissait fortement le paludisme. Les Tharus, les habitants originels de ce territoire, sont paraît-il immunisés et ne risquent pas de contracter la malaria, comme une sorte d’adaptation au milieu… Les risques sont beaucoup moins importants de nos jours du fait de l’épandage d’insecticides pour endiguer la prolifération des moustiques dans les années 50-60.
A l’origine, ce parc a été crée afin de préserver la faune du braconnage essentiellement et notamment les tigres (une cinquantaine) et les rhinocéros unicornes (400 environ), deux des animaux les plus emblématiques de la région qui subissaient de plein fouet la pression anthropique caractérisée par une déforestation massive. Déforestation rendue inévitable du fait de l’augmentation significative de la population et donc du nombre de bouches à nourrir. Ainsi, des hectares entiers ont été décimés pour créer de grands espaces cultivables. Des effets néfastes ont depuis été observés : le lessivage des sols qui limite la productivité agricole et en même temps rend particulièrement inondable ces contrées en période de mousson et donc la réduction même de ces espaces dits « naturels » qui nuisent à l’équilibre écologique de la région.
Lors d’une excursion dans la jungle, on peut facilement rencontrer, selon la chance et le jour, des singes, des léopards, des rhinocéros, des pitons, des hyènes, des ours et sangliers sauvages, des oiseaux (plus de 450 espèces) et bien d’autres espèces encore. Concernant la flore, près de 70% des arbres sont donc des sals mais on trouve aussi des lianes, des mangroves, des herbes à éléphants de plusieurs mètres dans lesquels se cachent, entre autres, les rhinocéros. On y trouve aussi des figuiers et plusieurs espèces de fleurs aux couleurs vives.




joli croco...




TREK DU SANCTUAIRE DES ANNAPURNAS

Après cette excursion dans la jungle, j’ai passé quelques jours à Kathmandu pour travailler (quand même !!), puis je me suis octroyé 2 semaines pour me rendre dans la région des Annapurna afin d’y observer de plus près des « 8000 »…
Après avoir fêter (à l’aide de quelques Everest Beers) le jour de l’an 2067 népalais, je me suis rendu à Pokhara constamment imagée par son lac, le Phewa Tal dont les eaux calmes permettent d’oublier le bouillonnement de la capitale népalaise. Bien que très touristique et touchée par le syndrome « babacool-land », ce qui en devient presque lassant car tellement caricatural, cet espace est doté de paysages époustouflants, puisqu’à 800m à côté des bananiers on a une vue donnant sur les montagnes aux sommets les plus hauts du globe. Etonnant contraste.
De là, il faut rejoindre l’ACA (« Annapurna Conservation Area ») le parc naturel local préservant ces terres sublimes. Il faut 8 jours de marche aller-retour (5 aller et 3 retour) pour se rendre à 4130m aux pieds de l’Annapurna I, III, Annapurna South, le Machhapuchhare et bien d’autres. Dormir à cette altitude n’est pas chose aisée car il y fait froid et la respiration est vite saccadée. Ceci étant, on sent une force nouvelle quand on y est, ce qui est sûrement dû au bonheur d’être là, dans un des lieux les plus mythiques du pays, rendu célèbre par Maurice Herzog (pour les français…). On se sent vraiment petit ici face à des monstres géomorphologiques âgés de plus de 60 millions d’années. On oublie les douleurs du dos qui porte plus de 10 kg quotidiennement, celles des mollets à force de grimper des escaliers de pierres paraissant interminables, les litres et les litres de sueur perdus pendant toute l’ascension et les débuts d’ampoules ici et là…
Avec des côtes parfois très raides, des sentiers escarpés et jonchés de racines, de cailloux et de rochers, il faut rester fort mentalement et surtout vigilent afin de pouvoir s’offrir ces panoramas idylliques (ce que je n’ai pas réussi à faire jusqu’au bout puisque, par distraction, je me suis lamentablement vrillé la cheville lors de la redescente). Le chemin en lui-même est une invitation au voyage (pas vraiment lié à Baudelaire...). Entre vue lointaine avec en fil conducteur la « Madi Khola », la rivière locale, les passages en jungle, les pics enneigés et les forêts de rhododendrons et de bambous, les yeux ne sont pas en reste.
Malgré cela, ce trek étant un des plus célèbres du pays, les sentiers sont fréquentés voire très fréquentés selon la saison, les villages ne semblent plus vraiment « authentiques » mais ressemblent plutôt à de vastes zones de lodges aux prix en augmentation constante qui malgré la beauté des paysages environnante, donnent l’impression de s’arrêter sur une aire d’autoroute européenne (pour caricaturer à outrance). On croise ceci étant, de nombreux villageois en contrebas du trek, des paysans au travail épuisant dans les cultures en terrasse et un nombre significatif de porteurs dont les conditions de travail sont souvent à la limite de l’humain. On se demande parfois comment des hommes d’âges différents peuvent porter à la simple force de leur dos et de leurs cervicales plus de 50 kg de vivres ou de matériel, le tout pendant plusieurs jours sur des sentiers souvent terriblement raides pour 10-15 euros pour les plus chanceux…
Une fois rentré du trek, les images foisonnent dans la tête et on se laisse vite emporter par des souvenirs évoquant les pics enneigés, les ponts suspendus, les plantes rares et toutes les péripéties de la marche que l’on vient de réaliser, le tout, avec une pointe de fierté et un sourire en coin...

















Depuis, le retour à Kathmandu a été tout de suite moins emballant même si cette ville est si particulière. Surtout avec les évènements actuels, la ville semble morte, pas de bouchon, pas de pollution, pas de klaxon, pas de rabatteur, pas de taxi, pas de bouffe de rue, pas de vendeurs d’épices ni de fruits et légumes à même le trottoir, des magasins souvent forcés de fermer leurs portes et des touristes souvent inutilement apeurés et cloîtrés dans leur hôtel… finalement, rien n’est comme avant le 1er mai, date à laquelle les maoïstes de tout le pays se sont réunis à Kathmandu pour protester vivement contre le gouvernement. Le pays est paralysé, les Népalais et les touristes sont bloqués. Il n'y a aucun moyen, excepté l'avion pour quitter Kathmandu. La grève menée par le parti PCNU maoïste continue et des milliers de personnes flanquées du drapeau rouge à la faucille et au marteau sillonnent les rues de la capitale, y dorment et assistent tous les jours à des discours politiques de « changement » proposés par leurs leaders. Prachanda, l’un d’entre eux, prône le retour au gouvernement de son parti et le remplacement du 1er Ministre Madhav Kumar Nepal qui est lui-même rejeté par une grande partie de sa famille politique. Il s’agit d’une impasse politique qui rend impossible l'écriture de la nouvelle constitution et le bon déroulement du processus de paix…
En espérant qu’une issue soit rapidement trouvée car pendant ce temps là, les petits métiers n’existent plus, les fruits et légumes ne trouvent pas d’acheteurs et le nombre de touristes a diminué de plus de 70% par rapport à l’année dernière à la même période.
Il y a eu des débordements et quelques menottes mais pour l'instant rien de très méchant... A suivre...
Ceci étant, pas d’inquiétude me concernant, les touristes ne sont pas visés directement par les maoïstes, j’ai même marché avec eux dans un de leurs cortèges et ils me souriaient et avaient dans bien des cas un air d'étonnement du fait de ma présence au milieu de cette marée humaine.





Voilà pour les dernières nouvelles, qui n’évolueront peut-être pas d’ici mon retour cocorico mais qui j’espère vous auront éclairé et fait voyager un minimum à travers le prisme népalais.

Le retour est proche mais le blog n’est pas mort…

Namaste













samedi 10 avril 2010

Dhilai (le retard)

Namaste,
Nouveau post pour enfin actualiser ce blog qui, je l'admets, commençait à devenir poussiéreux...

Comme vous le constatez, j'ai mis du temps à me replonger dedans pour plusieurs raisons.

A Kathmandu et globalement au Népal, les coupures de courant sont quotidiennes car l'énergie est dispatchée par quartier en fonction d'horaires prédéfinis. Problème : trop de demande pas assez d'offre. Il existe à ce titre un planning précisant quand et où il y a de l'électricité en ville. Lumière le matin pas l'après-midi, courant toute la nuit mais pas la nuit suivante, électricité à partir de 18h jusqu'à 00h00, fin à 10h, pas demain matin comme avant hier... voilà à quoi ça ressemble! J'ai dû aller au boulot avec une demie joue pas rasée...
Certes, c'est un peu caricaturé, mais honnêtement, il y a un peu de ça. Il est donc difficile (à moins d'être népalais ou de vraiment s'y attarder) d'avoir ce planning continuellement en tête. Cela dit, ce n'est pas si horrible que ça (à part quand on veut actualiser un blog !...), il faut prendre le pli. Les Népalais sont coutumiers du fait, ils sont équipés en bougies, en briquets dotés de DEL (au passage, aberration écologique : 3 piles plates dans un briquet chinois jetable) et en une grande variété de lampes de poches. Ajouté à cela, le vrombissement des générateurs (des restaurants, magasins, entreprises ou hôtels les plus aisés, bien entendu) aussitôt utilisés en cas de coupure de courant, qui devient aussi familier qu'insupportable.
Bref, des adaptations de la population témoignant une fois de plus de la débrouillardise locale face à une déficience des autorités publiques et à un manque certain de moyens.
Conclusion de ces précisions, je n'ai pas internet en permanence!

Par ailleurs, il a fallu aussi que je laisse du temps au temps et il me semblait inintéressant de retracer de façon égocentrique et sûrement rébarbative mon quotidien dans la capitale népalaise. Prendre le temps de découvrir les quartiers, les bons plans, les coins à éviter mais aussi les rapports sociaux, prendre le temps de boire du thé (des litres de thé!) en regardant les scènes de vies, l'architecture et les formes paysagères. S'essayer au népali en plus de l'indispensable anglais, permet de faire sourire les locaux mais également de dépasser la simple relation commerciale que beaucoup d'entre eux ont - et c'est normal - avec les Occidentaux. Faire des fautes, bafouiller, c'est déjà échanger mais cela montre aussi un certain intérêt pour le pays et surtout pour son peuple. Autre effet, cela déclenche de sacrés fous rire...

Déambuler dans Kathmandu me permet de passer régulièrement par Durbar Square. Vaste ensemble architectural classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979, il s'agit d'un site historique de renom car connu pour être le lieu populaire de la capitale. Durbar Square est souvent perçue comme LA place centrale de Kathmandu, les rois du Népal y ont été couronnés et de grandes cérémonies s'y déroulèrent pour les célébrer. C'est aussi là qu'erraient, il y a quelques décennies de nombreux hippies (dont Charles Duchaussois...) squattant Freak street une rue adjacente, désormais célèbre.
Aves ses anciens temples et palais, Durbar Square symbolise la diversité des religions et plus globalement la "culture" népalaise (même s'il est difficile d'utiliser ce terme barbare tel un dénominateur commun). Véritables témoins du passé, les plus anciens monuments constituant cette place datent de l'époque médiévale népalaise et ont été érigés par les rois Malla successifs. Les temples et les monuments ayant la plus grande notoriété sont : Taleju Bhavani, Kala Bhairav, Nautale Durbar et le Gaddi Baitnak.



Le complexe religieux est également appelé par extension l'Hanuman Dhoka, Hanuman, le Dieu-singe, préserverait le palais des mauvais sorts et de la malchance. La place Basantapur, en face du palais royal et comprise dans Durbar Square est, outre son utilisation quotidienne par des petits stands dont les propriétaires vendent des souvenirs en tout genre, le théâtre de diverses manifestations et autres festivals. La place fourmille d'agitations, entre les taxis, les motos, les rickshaws, les vélos, les vendeurs de thé, les rabatteurs, les guides, les touristes et toutes celles et ceux qui passent tous les jours par Durbar...
D'autres temples, tout aussi somptueux sont visibles autour de l'Hanuman Dhoka, c'est le cas de celui de la Déesse vivante Kumari, du temple en bois de Kasthamandap (le plus ancien de Durbar Square, qui a donné son nom à la capitale) mais aussi l'Ashok Vinayak (honorant Ganesh).


Kasthamandap

Patan, ancienne capitale royale accolée à Kathmandu possède aussi un "Durbar Square". Son ensemble architectural date du 17ème siècle et est composé de plusieurs temples tout aussi majestueux que ceux de Durbar Square à Kathmandu mais où il y règne une atmosphère un peu plus conviviale. Ce n'est pas un hasard si "Lalitpur" qui signifie littéralement "cité de la beauté" est devenu au fil du temps, le surnom donné à Patan.









J'ai pris un peu de temps pour sortir du chaos de Kathmandu qui fatigue progressivement. Le cocktail détonnant de klaxons, de monde, de pollution et d'agitation contraint - et c'est tant mieux - à se rendre dans l'arrière pays pour y respirer à plein poumons. Dans ces moments là, internet, on oublie presque ce que c'est...


Pas très loin de Kathmandu, il y a plusieurs points de vue, généralement assez connus des touristes (il faut l'avouer), permettant de contempler une bonne partie de la chaine himalayenne.
Nagarkot, l'un d'entre eux, est une sorte de station d'altitude jalonnée de rizières, à l'aménagement touristique assez anarchique caractérisé par des bâtiments construits à droite et à gauche un peu comme si celui qui crée son hôtel choisissait SON endroit. Nagarkot reste un "bon" endroit pour laisser son regard s'échapper dans les vallées avoisinantes. On souffle. On y trouve une diversité de structures d'accueil : quelques gros hôtels pas du tout adaptés aux paysages voire même, il faut le dire, souvent affreux, quelques lodges de taille modeste et des petites guesthouses aux ambiances bien plus détendues mais aux intérieurs souvent spartiates. Tous sont tournés vers l'horizon montagneux d'où se lève le soleil, ce pourquoi viennent les touristes en général. Sans être l'endroit le plus magique du Népal - loin de là - Nagarkot a quand même le mérite de se trouver à quelques encablures de la capitale et permet ainsi de s'en extirper pour se mettre au vert quelques temps et profiter de sa quiétude.
Cependant, je sais définitivement que la lumière d'octobre-novembre est bien meilleure que celle du printemps pour prendre de précieux clichés des massifs de l'Himalaya. En effet, comme me l'avais dit un spécialiste de la famille, une sorte de voile blanc est régulièrement en suspension dans les vallées empêchant de distinguer clairement les géants.







Voilà ce qu'en temps normal il est possible de voir de Nagarkot :

vous comprendrez que je suis quand même un peu frustré de ne pas avoir pu contempler ce panorama aussi parfaitement. Il était quand même impressionnant mais je n'ai pas de photos suffisamment claires pour illustrer précisément ce que j'ai pu voir eu lever du soleil...


Voilà pour les dernières nouvelles (pas si dernières que ça quand j'y pense), je vais compléter cet écrit par un descriptif de Pokhara où je suis retourné et un autre du Chitwan, un parc naturel ayant une facette totalement différente du Népal...
A bientôt, n'hésitez pas pour les commentaires, les mails, les pigeons voyageurs et le morse.

Je pars marcher dans les hauteurs d'ici peu.







dimanche 7 mars 2010

Hapta (la semaine)

Namaste à tous,

Drôle de sensation que de se retrouver à Kâthmându quasiment un an après l'avoir quittée. Les repères sont là mais l'inconnu perdure évidemment. La ville, l'urbain, la capitale du Népal, coincée à 1300 mètres d'altitude, avec ses fils électriques pendouillant, ses rues bondées, sa pollution, ses odeurs d'épices conjuguées à des vapeurs de thé, sa crasse, ses klaxons, sa spontanéité, sa gentillesse mais sa réalité.


La diversité des formes et des objets, caractérisant le paysage, est particulièrement changeante à Kâthmându. D'un quartier à un autre, les siècles semblent défiler au vu de la multiplicité saisissante du patrimoine local. Multiplicité temporelle donc, mais aussi multiplicité religieuse, entre bouddhisme et hindouisme principalement.

Voici à ce titre, plusieurs sites imageant ces considérations :




SVAYAMBHUNATH

Le Svayambhunath stûpa (une de ses nombreuses orthographes), site bouddhiste et hindouiste que l'on atteint après avoir monté un long escalier en pierre (365 marches...) est perché en haut d'une petite colline surplombant l'ensemble de la ville. Le Monkey Temple, son autre nom, a été érigé il y a plus de 2000 ans, ce qui en fait l'un des plus vieux monuments de toute la vallée de Kâthmându. Il se trouve à la périphérie ouest de la ville et est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979.



Svayambhunath possède un stûpa, son coeur architectural (qui est d'ailleurs en restauration), mais aussi de nombreux temples, des petits autels, un monastère tibétain et plusieurs statues de Dieux et Déesses. D'ailleurs, plusieurs Tibétains, exilés au Népal, vivent sur le site même ou à proximité de celui-ci. Au centre du monument, on trouve un paisible bosquet où se chamaillent des macaques rouges se nourrissant de restes et de ce que leur donnent les dévots et les touristes. Une infinité de drapeaux de prière sont suspendus ici et là, entre les arbres et les différents édifices rendant l'atmosphère envoûtante. Les hindous peuvent aussi s'y recueillir puisqu'un temple dédié à Manjushri (Dieu de la Connaissance) et un autre honorant Sarasvati (Déesse des Arts) sont dressés au sein du site.






Malheureusement, la vue est gâchée par la pollution qui comme un épais brouillard, empêche de percevoir précisément l'horizon montagneux et l'armature urbaine -mal contrôlée- de Kâthmându. Les Bouddhistes et les hindouistes se rendent à Svayambhunath pour raisons religieuses mais quiconque s'intéresse au mysticisme, à la spiritualité, aux valeurs pacifiques, aux sculptures anciennes et à l'art en général est nécessairement séduit.





BODHNATH

L'an dernier, avec les deux autres fous, nous nous étions déjà rendus au plus grand stûpa du Népal : Bodhnath. Quand on connaît la notoriété du lieu au yeux des bouddhistes voire des Népalais, on ne peut pas ne pas y retourner. Cet ensemble incontournable de la vallée royale, situé à 8 km de Kâthmându est éblouissant au sens propre comme au figuré.



Regarder le dôme central, blanc comme neige, et sa tour dorée, c'est forcement froncer les sourcils... Du haut de ses 40 mètres d'envergure et de hauteur, il est orné de moulins à prière sur lesquels est gravé "om mani padme hum", mantra répété en continu par les fidèles tournant autour de l'édifice dans le sens des aiguilles d'une montre, chapelet à la main. Les Sherpas et les Tibétains (souvent les plus aisés, car ce sont ceux qui ont pu fuir la répression chinoise) sont les plus nombreux, même si bien d'autres népalais bouddhistes s'y rendent régulièrement et notamment les Newari (ethnie originelle de la vallée de Kâthmându). Bien que très fréquenté, l'ambiance y est plutôt calme, respectueuse et spirituelle contrastant avec le chaos des rues jouxtant le monument.
Un mélange des genres est alors intéressant à observer : les enfants sont sages comme s'ils avaient compris l'importance du lieu, les touristes imitent les fidèles et tournent autour de Bodhnath tout en photographiant (parfois sans retenue, ce qui est dommage) les yeux bienveillants de Bouddha, peints sur la tour du stûpa, les Monks et les Lamas récitent leurs prières dans la fumée sacrée des thuyas et enfin les pèlerins marchent côte à côte en murmurant des prières bouddhistes. Cette foule conséquente, unifiée par les valeurs pacifiques de ce culte, demeure malgré tout discrète et peu bruyante comme absorbee pa la sagesse de l`endroit...
Une ombre au tableau doit toutefois être soulignée pour ne pas sur-embellir Bodhnath : l'urbanisation anarchique qui l'entoure. Autrefois, ce stûpa rayonnait sur toute la vallée, d'autant plus qu'il se situe sur la grande route de pèlerinage entre l'Inde et le Tibet. Depuis que des immeubles de plusieurs étages encerclent le site, ne laissant apparaître que la pointe du monument, Bodhnath semble littéralement étouffée par l'explosion urbaine de la capitale Népalaise.







Ce premier post sera complété d'ici peu par d'autres informations sur le patrimoine architectural mais aussi par des descriptions d'ambiances du quotidien de Kâthmându et plus globalement sur l'ensemble de sa vallée.

Pour finir, chacun ses ressentis à propos de l'ailleurs tant subjectifs soient-ils. Ce récit est personnel et n'a pas vocation à retranscrire précisément la réalité mais ma réalité, en ce sens, les critiques, les conseils, les compléments et autres remarques sont les bienvenus (cf. commentaires)

A suivre : Durbar Square de Patan et de Kâthmându


A entendre toutes ces flûtes dehors, l'appel des montagnes et du grand air est de plus en plus fort...